Le phénomène CtoC est souvent décrit, très rationnellement, comme une conséquence de la crise économique actuelle : chacun, pour se « débrouiller » utilise les réseaux comme il peut pour mieux acheter ou mieux vendre.
Après les économistes, les sociologues considèrent le CtoC comme la recherche du lien social perdu, à une version plus humaine et plus chaleureuse du commerce au premier sens du terme. Loin d’être en désaccord avec ces analyses, nous les trouvons cependant insuffisantes pour expliquer l’engouement du public pour le CtoC…
Ces opinions sur le CtoC éludent systématiquement la dimension remarquablement hédoniste du CtoC, le plaisir particulier qu’il procure à ses adeptes. A la certitude absolue du marketing et de la distribution des marques que nous pratiquons tous (les marques se définissant historiquement par leur vérité, leur honnêteté, leur garantie, leur stabilité), le CtoC vient substituer l’excitation de la recherche, du dénichage, de l’incertitude du gain… Il s’adresse à un consommateur blasé qui au-delà de la bonne affaire est lassé du ronronnement marketing ambiant, politiquement correct et sécuritaire au possible.
Un consumer qui veut de nouveau frissonner, transgresser, se mettre en manque, avoir de nouveau envie. Une manière de miser, de parier, de jouer avec sa propre consommation, véritablement. Le plaisir procuré par la pratique du CtoC, son étude et son analyse sont une source d’inspiration inévitable pour tous les marketeurs qui pratiquent de près ou de loin le marketing de rareté ou toutes autres approches visant à maximiser l’envie du consommateur.
Redonner du plaisir à consommer est pour l’ensemble de la distribution l’objectif stratégique. Ne boudons pas notre plaisir.
Franck OUDIT