L'accompagnement des innovateurs par Schoolab

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Ce mois-ci, je vous propose de nous entretenir avec une entreprise engagée dans les démarches d’innovations collaboratives : Schoolab. Extraits d’entretien avec Amandine Laville, Chef de Projets chez Schoolab.

Amandine, pouvez-vous nous présenter Schoolab ? En quoi la structure se différencie d’un cabinet de conseil ?
Schoolab réalise des actions de conseil mais nous ne sommes pas partis du conseil au début. En effet, à l’initial, ce sont des programmes étudiants qui ont été créés et ces programmes étaient dans les premiers car c’était il y a une quinzaine d’années et c’est ainsi que nous avons utilisé le Design thinking. C’était le moyen pour les étudiants de les faire travailler sur des projets corporate, pour des grands groupes ou des associations. Nous nous sommes différenciés par cette approche de réunir le milieu académique et le milieu corporate avec des méthodologies qui étaient plutôt des méthodologies de start-ups. Schoolab n’est pas dans une logique de conseil mais de maker : c’est une appétence pour mélanger les populations.
Notre vision est de faire travailler des collectifs ensemble afin de les mettre en action. C’est un levier clé dans notre approche de voir les choses. Par exemple, au sein de notre pôle dédiée à la formation, on trouve de nombreux use cases. On travaille avec de la pratique, car pour nous, faire est le meilleur moyen d’apprendre. Une forte appétence à l’apprentissage et à l’autonomie des personnes sont important chez Schoolab - d’où le nom Schoolab. Ce ne sera pas que de la formation certifiante, mais de la transmission de méthodologies, et on va demander aux participants de les appliquer.
Schoolab est d’ailleurs divisé en 3 pôles : le parcours apprenant (des certificats, des parcours pédagogiques liés à des écoles et avec des diplômes à la clé) ; le parcours projets apprenants (l’accompagnement projet et l’apprentissage sans forcément avoir un diplôme à la clé, de référentiel mais être capable de mettre en pratique concrètement des projets plus ou moins matures, car on fait du sur-mesure) ; puis enfin le pôle appelé « Nouveaux territoires » où l’on va explorer de nouvelles choses car on aime bien nous-même apprendre… !

Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon de voir les choses chez Schoolab ?
Nous pensons que le meilleur moyen d’apprendre c’est de tester, de nous essayer… Par exemple on teste un « start-up studio » en ce moment, dont le principe n’est pas de l’accompagnement mais de la création de start-up.
Cette logique de transmission d’information et de passation d’autonomisation liée à nos projets apprenants, elle est forte chez Schoolab en interne mais aussi dans tout ce qu’on fait pour nos clients. On organise par exemple chaque vendredi des Fridays class (master class qui permettent de faire du peer-learning afin de partager sur des sujets variés) qui sont ouverts à tout notre écosystème. Nous souhaitons être dans cette logique d’open innovation. On réalise également des incubations de start-up comme le fond d’investissement Raise, une structure qui s’appelle Raise lab qui a ouvert son propre lieu et qui facilite les échanges entre grands groupes et start-up.
Le dernier élément différenciant de Schoolab réside au sein même de notre identité : nous sommes une « entreprise à mission ». Ce terme désigne de nouvelles formes d'entreprise qui se donnent statutairement une finalité d’ordre social ou environnemental en plus du but lucratif (note de la rédaction : l'article 176 de la loi du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi Pacte, introduit la qualité de société à mission). Notre 1er pilier est la diversité et l’inclusion qui s’illustrent par de récents travaux menés avec Positive Planet. Dans le cadre d’un appel à projets public via le PIC (ie. Plan d’Investissement dans les Compétences), nous avons construit un parcours où l’entrepreneuriat devient un moyen d’entreprendre sa vie pour des personnes éloignées. Notre 2ème axe fort est la consommation carbone et ce qui attrait à la circularité, puis enfin un engagement fort pour les territoires.

Avez-vous des exemples concrets à nous donner sur ces piliers ?
Aujourd’hui notre volonté est d’apporter une forte attention à la planète. Nous nous sommes aussi aperçus que c’était bien d’avoir de l’inclusion de la diversité donc on va se concentrer sur les nouvelles manières de travailler notamment sur du distanciel : c’est-à-dire comment faire pour avoir une égalité de vie au travail ? L’autre sujet sur lequel nous travaillons est la circularité : concrètement, comment est-il possible de rebondir sur les nouveaux usages induits par la Covid dans nos manières de considérer notre consommation ? Enfin, nous nous impliquons sur des projets concernant les territoires et des problématiques locales : tel que par exemple un nouveau lieu inauguré à Caen qui s’appelle le Moho où professionnels, start-up, étudiants, chercheurs, associations… collaborent. L’objectif est de « brasser » différentes populations et d’inclure les collectivités locales.

Est-ce que la Covid a fait évoluer les outils que vous utilisez et/ou les démarches menées auprès de vos clients ? Etes-vous montés en compétences ?
Oui, totalement. Le digital a toujours été ancré dans nos pratiques avec des programmes world wide par exemple. Toutefois, nous avions tendance à réaliser les kick-off ou certaines parties en présentiel. Aujourd’hui, avec la Covid, on a appris qu’il faut prendre ce que l’on nous donne c’est-à-dire que nous prévoyons tout en distanciel et si le jour J le présentiel est possible, alors on le fait. Nous avons mis à rude épreuve notre agilité, et par conséquent, avons revu certains projets avec plus d’asynchrone en distanciel... Toutefois, les mois passés ont montré que l’on se lasse du distanciel aussi ; ainsi la manière de jouer les icebreakers a été revue.
Les personnes, qui viennent chez Schoolab, cherchent une expérience apprenante bien entendu, mais pas uniquement. Elles recherchent aussi une expérience structurée avec des méthodologies éprouvées en termes d’animation et « gamifiées ». Nous avons une approche open innovation, donc on va faire travailler les gens en les faisant sortir de leur quotidien, en allant chercher d’autres inspirations, d’autres regards croisés. L’ expérience est aussi « ROIste », c’est-à-dire que même si l’on veut s’amuser en travaillant, on est dans un monde en crise où chacun regarde le ROI de chaque action. Donc les projets vont être plus courts, avec des séquences raccourcies et une utilisation des assets pour que les projets puissent être continués derrière en interne par les participants.

Avez-vous identifié, dans votre pratique, des profils qui étaient plus appétents à innover ?
Ce qui est assez drôle c’est que généralement, ceux qui sont les plus réticents au début ne sont pas les plus réfractaires au final. Ce que l’on apprécie chez Schoolab pour que les gens changent de posture et sortent de leur zone de confort, c’est de varier les temps forts. Nous ne leur laissons pas trop le temps de réfléchir. Nous aimons les faire échanger, collaborer, être inspirés et restituer. Les participants sont mis dans l’action, ce qui permettra de les faire changer de posture sans trop se poser de questions. Ainsi, parfois, les réticents du début sont les ambassadeurs à la fin du projet.
Ce n’est donc pas vraiment une question de profil, c’est plus une méthodologie ludique et structurée que l’on a éprouvée et qui va leur permettre de se laisser guider par le fait de leur demander de jouer le jeu et d’essayer. On va, par exemple, essayer le design fiction pour les amener dans une autre réalité…
Finalement, l’objectif est double : le premier c’est l’humain c’est-à-dire une nouvelle méthodologie, une nouvelle manière de travailler, un engagement, un alignement collectif et l’autre objectif plus projet, business, à savoir, je veux à la fin obtenir une roadmap, un nouveau business model, hacker un problème, trouver une nouvelle idée en créativité…

Quels sont les livrables à la fin de vos séances ?
Il y a des livrables concrets et parfois en atelier, on peut nous demander d’utiliser des outils de facilitation (Klaxoon, Mural, Miro…) pour que les gens soient capables ensuite de faire de l’intelligence collective en interne. On va utiliser différents formats comme de la learning expedition, de l’atelier, du workshop, du hackathon, du sprint d’innovation, des démarches d’innovation collectives qui vont durer l’année avec une quinzaine de temps forts. On va ainsi varier les moyens mais à chaque fois, on retrouve ces 4 temps forts : des moments d’inspiration, d’échange, de collaboration à travers du workshop et des moments de restitution à travers le pitch, la facilitation graphique pour s’approprier les apprentissages, les partager, les relayer.

Avez-vous eu des retours clients sur des produits/services qui auraient été lancés grâce aux outils et méthodes partagés par Schoolab ?
Oui, bien-sûr. On intervient à une étape. Il y a toujours un amont, la séance en elle-même et l’aval, ce qui permet de donner toujours des recommandations : en d’autres termes, les livrables mais également des recommandations en next steps. Donc avec ou sans nous, l’objectif est que les participants montent en compétences. Cela nous permet d’avoir une certaine relation de fidélité, de confiance avec nos clients. Nous avons lors d’un précédent vendredi réalisé un atelier de prétotypage (NDRL : appelé aussi MVP, c’est-à-dire une version très simplifiée d’un produit/service afin d’avoir des feedbacks clients rapides) sur une itération d’application culturelle, une application digitale. Nous avons reçu un message ce matin nous disant : « On a repris les prétotypages, on va les creuser avec notre designer, on va voir comment on peut aller plus loin, on a déjà prévu des séances de tests ». Donc oui, il y a des suites.

Quels sont vos outils de gamification pour motiver les participants ?
Plusieurs moyens existent. L’un des icebreaker qui fonctionne bien en ce moment c’est « Quel confiné(e) es-tu ? ». Nous avons pour cela constitué des persona associés à des gifs afin de demander ensuite aux participants de nous apprendre quelque chose sur eux – étant donné que nous travaillons majoritairement de chez nous en ces temps particuliers. En termes de profils, cela donne des jamers, des créatifs, des social Butterfly…
Autre exemple : un nouveau projet de développement d’un lab de recherche en Angola est en cours. Le premier icebreaker que l’on a fait avec eux, c’était de se dire : on a une habitude, un toc culturel qui nous appartient et qui est représentatif de notre culture donc le but c’était de le partager aux autres. Nous conduisons également des « escape game » digitaux sur les soft skills. Lors de restitutions, nous proposons des « pitchs croisés » où dans chaque binôme, l’un expose son pitch et l’autre écoute pour présenter ensuite au reste du groupe. Toutes les histoires qu’ils vont raconter seront retravaillées à travers un storyboard. C’est de la facilitation graphique.

Un grand merci à Amandine pour cet échange riche d’enseignement.
A bientôt pour une nouvelle chronique !