L’utilisation de la technologie en politique n’est plus une pratique exceptionnelle. Réseaux sociaux, réalité augmentée, cartographie de l’opinion citoyenne… L’intérêt de la data et de la technologie est d’affiner l’analyse et la compréhension de la voix des citoyens afin de construire un programme politique, un discours et un plan d’actions politique qui permettent de toucher et d’engager les citoyens.
Lors de la campagne présidentielle 2017, le mouvement politique En Marche ! d’Emmanuel Macron souhaitait disposer d’une analyse à très large échelle des attentes des Français pour établir un diagnostic et aider à construire un programme autour des principaux sujets intéressant l’opinion publique.
Les militants En Marche ! ont d’abord effectué un sondage, mené par la startup de stratégie électorale Liegey-Muller-Pons, en porte-à-porte auprès de 100 000 Français, avec 8 questions ouvertes. Ces verbatim représentaient un million et demi de mots. En Marche ! a ensuite confié l’analyse sémantique de ce corpus anonymisé à Proxem pour en valoriser les contenus : quantification et qualification des résultats, détection des thématiques abordées et de leurs corrélations, identification des signaux faibles porteurs d’informations pertinentes… L’analyse a aidé à établir une cartographie des attentes, inquiétudes et espoirs des Français.
« On applique au champ politique des méthodes qui ont fait leur succès en marketing, mais avec une différence très importante : en marketing on peut faire de l’hyper-segmentation et potentiellement adapter des produis à des niches, là où dans le champ politique l’enjeu est plutôt de trouver le programme unique qui maximise la prise en compte des attentes des citoyens. D’où l’intérêt d’intégrer des outils de collecte et d’analyse des Big data pour avoir une réelle représentativité de l’opinion publique » rajoute François-Régis Chaumartin, CEO de Proxem.
Dans le domaine de l’analyse politique, Proxem a développé avec Harris Interactive (institut d’études marketing & de sondages d’opinion) un baromètre hebdomadaire, opérationnel du début de la campagne présidentielle jusqu’aux législatives.
Une seule et simple question ouverte a été posée à 2 000 citoyens Français : « Qu’avez-vous retenu de l’actualité politique française ? ». Sans rien suggérer. Sans rien proposer. Ce baromètre utilise une approche des Big data et de l’Intelligence Artificielle afin de dégager l’essentiel de la matière textuelle riche et spontanée en y détectant les volumes de mentions des candidats, la tonalité de ces mentions, les thématiques et les événements majeurs soulevés durant toute la campagne présidentielle et législative.
Cette analyse a permis de prédire certains résultats comme l’élimination de Nicolas Sarkozy au premier tour de la primaire de la droite et du centre et l’émergence forte de François Fillon à cette occasion ; mais aussi la progression régulière d’Emmanuel Macron.
« L’intérêt de cette analyse hebdomadaire est qu’elle ne prétend pas remplacer les questions fermées sur les intentions de vote : elle les complète, les corrobore, et décompose la popularité des candidats en deux indicateurs : leur taux de mention ou part de voix, et leur taux d’approbation. Ainsi, un « petit candidat » peut être peu cité, mais de manière majoritairement positive. A l’inverse, un « grand candidat » pourra être très cité, mais très négativement. En mettant en regard ces deux indicateurs, on peut les pondérer et les interpréter différemment, en évitant les contre-sens.» Eglantine Schmitt, Responsable des Etudes chez Proxem.
A l’heure où l’analyse de l’opinion sur les réseaux sociaux est utilisée comme mesure possible des intentions de vote, se pose une question : le nombre de likes, de followers, de mentions des candidats… n’est pas toujours le reflet sincère de l’opinion des citoyens. Un buzz sur les réseaux sociaux n’est parfois que la conséquence des investissements en communication digitale d’un mouvement politique et sa capacité à mobiliser des trolls.