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Lien humain, ou es-tu ?

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Présentation de Christian Buschbeck

Fondateur d’IKAARA, acteur engagé dans la transformation leadership et culture d’entreprise, Christian Buschbeck s’appuie sur une ingénierie pédagogique innovante pour accompagner les dirigeants et cadres des organisations.

Ses stratégies novatrices et immersives en co-création œuvrent à réconcilier management et émotions pour faire renaître le plein potentiel des organisations et de l’écosystème vivant qui les compose.

Il offre sa riche expérience professionnelle, grâce à ses 7 métiers complémentaires et son parcours de vie dans la résilience, aux leaders audacieux et amoureux de la Vie, voulant concilier bien-être, vision partagée et efficacité.

Entre culture régénérative et stratégie d’entreprise, il met son expertise au service des petites et grandes entreprises pour leur permettre de développer sereinement leur organisation et les leaders de demain.

Lien humain, où es-tu ?

Pour un grand nombre d’entre nous, l’Intelligence Artificielle (IA) est en passe de devenir la « technologie clé de l’avenir ». Peut-on s’y fier entièrement ?

L'IA est un ensemble de théories et de techniques visant à réaliser des machines capables de simuler l'intelligence humaine. Souvent classée dans le groupe des mathématiques et des sciences cognitives, elle fait appel à la neurobiologie computationnelle (particulièrement aux réseaux neuronaux) et à la logique mathématique. Elle utilise des méthodes de résolution de problèmes à forte complexité logique ou algorithmique. Par extension, elle comprend, dans le langage courant, les dispositifs imitant ou remplaçant l'homme dans certaines mises en œuvre de ses fonctions cognitives.

Les limites de l'IA et l'importance primordiale de l'esprit humain

Nous pouvons être fiers de ces progrès ! Cependant, par expérience, nous pouvons largement convenir qu’un esprit humain reste indispensable pour vérifier que le sens proposé par l’IA respecte celui traité par le sujet concerné ou évaluer que les données annoncées sont en adéquation avec la demande initiale. Ainsi, quel risque peut-on encourir en basant nos existences et nos décisions seulement sur une simulation imitant l’intelligence humaine ? L’intelligence humaine se limite-t-elle à sa rationalité et son savoir-faire ? Peut-on confier notre avenir, notre réussite et notre pleine santé à des machines « singeant » l’homme pour le remplacer ? Et le lien humain dans tout cela ?

Le pouvoir créateur des humains, qui sont des êtres intrinsèquement reliés entre eux par l’émotionnel de chacun, réside dans le potentiel de confiance, d'authenticité, de spontanéité, de joie collaborative, d'envie, d’interactions relationnelles et créatrices et donc, de ce que l'on appelle aussi l'intuition collective. Cette intelligence collective est, par essence, liée à la capacité de se faire confiance dans un pouvoir cocréateur, de codéveloppement, d'innovation interpersonnelle. Je perçois une forme d'opposition, de dichotomie très forte, face à la suprématie de l’Intelligence Artificielle qui recherche, analyse, compile et restitue des données, mais qui a plutôt tendance à inscrire cette manière d’opérer comme une prédominance sur les comportements humains.

Pourquoi focaliser ainsi l'attention sur rechercher, analyser, compiler et restituer des informations extérieures par des machines en occultant les liens, les ressentis et les esprits humains sur le terrain, dans la vraie vie, pire encore, en ignorant les émotions et les capacités analytiques et créatrices de chacun ?

C’est comme si un mimétisme « machine-homme » était en train d’opérer depuis les vingt dernières années avec l’omniprésence des recherches, voire l’addiction, à l’information au détriment de notre discernement et du respect de chacun. Nous sommes devenus accros aux données Google. Cette dépendance à l'Intelligence Artificielle augmente rapidement et se propage en utilisant des smartphones et des chaînes d'informations h24.

Prenons quelques exemples. Quand un couple regarde une chaîne d’informations non-stop ou que des collaborateurs sont obnubilés par leur smartphone ou leur recherche chat GPT pendant une réunion de travail, est-ce que cela crée du lien humain ? Est-ce que l’attention relationnelle circule ? L’esprit est-il ouvert ou fermé dans ces moments-là ? En fait, la concentration demandée sur ces analyses de données et dépêches happe tant l’esprit qu’elle enferme l’être et le déconnecte des autres autour de lui. Qui détient alors le pouvoir à présent ?

L'Intelligence Collective et le pouvoir créateur humain

Dans la mesure où l’IA dicte nos choix et nos orientations de projets, quelle conscientisation se profile ? À quel moment les êtres humains que nous sommes deviennent souverains de leur vie et de leur investissement professionnel ? Le mode automatisé inconscient retire peu à peu la prise de responsabilités, inhibe la capacité de faire des choix, et ôte le pouvoir de chacun à s’investir entièrement dans ses objectifs.

Ce constat me renvoie à ce fameux dicton, attribué à un adage africain : « Tout seul, je vais plus vite ; ensemble, on va plus loin… »

C’est le choix de la société ou même de l’humanité auquel nous faisons face aujourd’hui. Une pensée qui s’illustre grâce à une de mes collègues qui travaille intensément dans un partenariat avec la Mauritanie et qui vient de me dire : « Nous apportons la technologie et l’expertise du savoir-faire à nos collègues de Mauritanie et mes collègues mauritaniens m’amènent un éclairage et me questionnent sur l’importance du lien humain. Ils m’enrichissent quotidiennement avec leur qualité relationnelle ! »

Cette immédiateté absolue de sources et ressources préconisée par nos sociétés, dans lesquelles on ne voit plus que la rapidité des informations, l'accessibilité interférente d'indications, la tentation d'avoir hâtivement accès à de nombreux renseignements, le besoin d’aller plus vite pour gagner toujours plus, est une espèce de puits sans fond. La quête systémique de la récolte de données interactives vient progressivement s’opposer à l'énergie de création, à l’intuition individuelle et à l'intelligence collective. Il va de soi que l’inspiration en pâtit, et celle du leadership inspirant, qui donne envie de créer, de mobiliser et de construire ensemble, également.

La dépendance à L’IA entraîne une perte de lien humain

Quels sont les leaders qui vous animent aujourd’hui ? Qui sont les leaders qui vous inspirent et vous donnent envie de rêver, d’imaginer de nouvelles perspectives, d’envisager et de construire une nouvelle manière de vivre ensemble, de cocréer et d'œuvrer simultanément ? Sont-ils des robots ?

Où est parti l’esprit du leader inspirant tel que Martin Luther King l’incarnait le 28 août 1963 : « I have a dream... » J’ai un rêve…

Quel rêve avez-vous pour cette vie ? À quel moment avez-vous arrêté de rêver ?

Rêver est une faculté et une compétence humaines vitales liées à notre survie. Rêver nous amène à imaginer, à visualiser, à envisager, à souhaiter, à ambitionner, à désirer et nous incite ensuite à transcrire cette imagination et cette intuition dans une vision matérialisable. Rêver est la première étape d’activation du pouvoir de l’intention.

Où sont les leaders visionnaires et audacieux dans notre humanité aujourd’hui ? Qui détient le pouvoir ?

Est-ce l’Intelligence Artificielle omniprésente dans nos vies qui dirigent exclusivement nos décisions ou la puissance créatrice des êtres humains ?

C’est à cette croisée des chemins que se situe actuellement notre humanité… C’est là que réside tout l’enjeu de nos sociétés ultra-addictives à l’information et au stress. Les employés surmenés sont privés de leur pouvoir créateur. Il en résulte que les dirigeants supervisent du personnel frustré en limite permanente avec le burn-out et/ou contraint à la résignation ou encore en démission collective. De la précarité des liens sociaux résulte une explosion de problématiques de santé mentale. Ainsi, se dévoile la face visible la plus criante et souffrante de nos existences de nos jours.

L’IA impacte la santé mentale

Tout le secteur de la santé doit prendre en charge cette souffrance sociétale et humaine qui est, en fait, générée par le manque de liens sociaux et humains, par la pénurie de la confiance, l'absence de qualité et de sens profond. C’est ce risque de spirale infernale qui est actuellement à nos portes.

Ces problématiques sont celles de toutes les organisations de nos jours.

Si l’on se réfère aux résultats du 12ᵉ baromètre du cabinet Empreinte Humaine réalisé par Opinionway sur la santé mentale auprès d’un panel représentatif de 2004 salariés français, publié le 23 novembre dernier, les constats ne sont pas bons. Il en ressort que :

• 48 % des salariés sont en détresse dont 17 % avec un taux de détresse psychologique élevée ;


• 7 salariés sur 10 attribuent leur détresse psychologique au moins partiellement au travail ;


• 33 % sont en burn-out dont 12 % en burn-out sévère et 2.400.000 personnes sont en risque de burn-out sévère ;


• 25 % des salariés constatent qu’il y a plus de tentatives de suicide ou de suicide dans leur organisation/entreprise.


Il s'agit de faire des choix forts pour chacun d'entre nous, d’œuvrer là où nous sommes reconnus pour ce que nous permettons. Savoir dans quelle direction on a envie d’aller. Savoir dans quelle société on veut évoluer. Choisir ce que l’on veut transmettre aux générations futures. Parce que la tendance lourde de l’omniprésence de l’Intelligence Artificielle avec ses risques d'annihilation est déjà lancée !

Le choix de gouvernance pour favoriser le bien-être au travail

Ce défi demande de savoir repérer les enjeux de l’intelligence artificielle, de l’intelligence collective et de l’intelligence émotionnelle en lien avec la nécessité vitale, pour les entreprises, de se transformer et de faire évoluer massivement leur culture collaborative et l’émergence d’un leadership inspiré/inspirant.

Songeons à cette célèbre citation d’Erich Fromm : « Le danger dans le passé était que les hommes deviennent des esclaves. Le danger dans le futur est qu’ils deviennent des robots. »

Voici la variante que je propose : « Le danger dans le futur est que les humains deviennent les esclaves de l’intelligence artificielle. »

Quand on demande à Chat GPT la différence essentielle entre un robot et un être humain, il répond trois choses essentielles :

- le robot ne comprend pas le contexte d’une situation ;


- le robot n’a pas d’empathie ;


- le robot n’éprouve pas d’émotions.


Le cœur de l'embarras est là, parce qu'il y a une confusion entre l'intelligence cognitive et artificielle, mais surtout, parce qu'il y existe un règne de l’IA qui occulte et diminue le potentiel du cœur humain.

L’Intelligence Emotionnelle (IE) se constitue des intuitions individuelle et collective qui nous incitent à créer un projet, à développer une idée, un concept, une approche ou un regard fondamentalement nouveau. Cette forme de génie individuelle et collective ne peut prendre naissance que dans le calme, la paix et la sérénité intérieure, loin du stress et du désistement.

Le débat ne se situe donc pas sur l’idée d’être pour ou contre l’intelligence artificielle. Il s'agit plutôt de se positionner intelligemment en se demandant :

- Combien de temps vais-je travailler avec l'intelligence artificielle et comment cela va m'aider à mieux comprendre mon potentiel humain connecté à mon intelligence émotionnelle ?

- À quel degré prioritaire vais-je être en lien avec mon intelligence émotionnelle et collective pour enrichir mon intelligence cognitive complétée et soutenue par l'IA ?

Visualisons ensemble les données dont nous disposons.

D’une part, nous bénéficions du principe de l’intelligence artificielle qui est de rassembler, de diriger les informations, de trier, d'orchestrer, de simplifier et de rendre accessibles des données enregistrées récoltées avec une rapidité appréciable. Un potentiel qui va largement au-delà des capacités analytiques des êtres humains, c'est tout à fait clair. Mais d'autre part, vous en conviendrez, l'intelligence intuitive, émotionnelle, individuelle et collective sont les éléments fondateurs de l'intelligence humaine et de son pouvoir créateur.

Ces formes d’intelligence sont toutes en nous, il suffit d’en avoir conscience. La question à se poser est tout simplement celle d’un sportif qui se demande quelle est la partie de son corps et quel matériel il va solliciter et utiliser pour son entrainement plus régulièrement, car c’est cette partie qu'il veut davantage muscler.

Tout notre système éducatif et toutes les écoles de management, et en particulier dans nos sociétés occidentales, sont focalisés sur le développement des compétences cognitives. La progression de cette norme sociétale est fondée sur le savoir-faire et sur cette obnubilation qui s’est accentuée avec le développement de l’intelligence artificielle. Où se trouve la place du savoir-être établi sur l’intelligence émotionnelle indissociable de l'être humain ?

L'industrie de la santé est particulièrement importante pour ces questions. Elle est même un élément clé. Voulons-nous un système de santé basé sur des données chiffrées, des algorithmes, des statistiques occultant l’esprit des patients en ne les considérant qu’à partir de leur numéro de sécurité sociale ou souhaitons-nous un système de santé qui prend soin de la personne, qui porte son attention sur la vie du patient et privilégie le lien humain ?

Or, les tendances fortes des pourcentages élevés de démission collective, de dépression, de manque de sécurités psychologiques en sont les signaux et les résultats les plus alarmants et douloureux. Ainsi, le secteur de la santé est devenu un réceptacle de toutes ces réflexions très fondamentales sur notre existence. Il reflète l'impact de la destruction du bien-être par le manque de liens et l'absence de conscience.

Où en sommes-nous par rapport au serment d’Hippocrate et vis-à-vis de la déclaration de Genève ? « EN QUALITÉ DE MEMBRE DE LA PROFESSION MÉDICALE, JE PRENDS L’ENGAGEMENT SOLENNEL DE CONSACRER MA VIE AU SERVICE DE L’HUMANITE »

Par définition, l’amélioration de la santé passe par le soin. Et, une entreprise qui gagne de l’argent est une entreprise composée d’un personnel en bonne forme physique et morale.

Portons toute notre attention sur ces éléments qui ne sont plus de faibles avertisseurs, mais de lourdes prédispositions involutives sociétales prenant racine au sein de nos entreprises.

Il ne s’agit plus de soigner au mieux le mal-être en surface et de diminuer le déficit de santé mentale de manière anecdotique, mais, bel et bien, de réaliser des choix d’investissement courageux et massifs tenant compte de tous les niveaux d’intelligence émotionnelle et collective pour prévenir ou guérir ces maladies psycho-socio-émotionnelles actuelles en développement, gangrénant le business.

Quel est le rôle et quelles sont les responsabilités d’un employeur par rapport à ces évolutions de sociétés remplies d’employés malades ou éteints ? Ce sont ces types de choix forts de gouvernance et d’investissement qui permettent de privilégier le savoir-être et la qualité des liens humains dans toutes les organisations !

La voie vers un business conscient

IKAARA a étudié sérieusement les niveaux de maturité émotionnelle et de conscience des gouvernances dans tous les organismes en récapitulant tous les stades involutifs et évolutifs d'une entreprise dans sa gestion globale.

Notre méthode consiste, entre autres, à identifier là où se situent les zones de douleur. Puis, en fonction de la zone de douleur, elle indique comment savoir identifier l’axe de leadership que nous devons cibler pour être plus performant. Et enfin, nous proposons un accompagnement de transformation de culture d’entreprise en auditant l’ensemble des cadres afin de modifier ce qui doit l’être en vue d’obtenir une amélioration des résultats et de développer une organisation en pleine santé.

L’Intelligence Artificielle est un merveilleux outil s’il reste au service de l’Intelligence Émotionnelle Collective (IEC).

Grâce aux accompagnements leadership d’IKAARA, nous apprenons à recréer du lien, à ne plus LOBOTOMISER le personnel pour se réinventer plutôt que se laisser mourir en devenant un automate.

Nous mettons en évidence ce que l'Intelligence Artificielle peut apporter à la santé, à la qualité des prestations et à la rapidité d'exécution, et nous relevons quelles en sont ses limites et par quel moyen les compenser.

IKAARA a développé des outils innovants de Conscience de Soi, des mesures et des méthodes de transformation de Culture d'entreprise. Nous favorisons le développement d’une nouvelle forme de leadership basée sur l’intelligence collective et l’intelligence émotionnelle qui permet de mobiliser tous les acteurs clés d’une entreprise autour d’un avenir constructif. Ceci dans le but d’utiliser les apports de l’Intelligence Artificielle avec toute la conscience et la prise de recul nécessaires pour œuvrer vers un BUSINESS CONSCIENT. Une véritable Révolution est en cours. Mais, comment s'y adapter ?

Il est essentiel de comprendre que le remède à tous les maux de l'entreprise est assurément de prendre soin des liens humains.

Les données de l’intelligence artificielle fournissent alors des renseignements précieux à l’intelligence humaine émotionnelle. Dans ce concept novateur, l’IA ne pilote pas, elle est utilisée comme un outil. L’être humain n’est pas réduit à néant, il est mis en avant.

IKAARA prône trois piliers pour y parvenir :

1ᵉʳ Pilier : le Soi : S’auto-piloter en conscience : apprendre à se connaître soi-même et à écouter ses émotions, ses intuitions, ses ressentis intuitifs.


2ᵉ Pilier : l’entourage, l’équipe : Apprendre à piloter les autres en tenant compte de leur Soi individuel, la corrélation interactive entre les membres et en soignant l’esprit d’équipe.


3ᵉ Pilier : le changement : Piloter la Transformation ou mettre en place les mesures et l’assainissement des liens pour que les employés donnent le meilleur d’eux-mêmes dans leur mission en entreprise, assistés dans leur tâche par des outils comme l'IA.

Le Business Conscient devient alors la véritable technologie clé de l'avenir.

Ferez-vous partie de cette révolution par l'intelligence du cœur ?