A l’image de l’économie africaine, le secteur des études de
marché et sondage est en phase de développement considérable. Le temps
où le secteur était dominé par les présences de multinationales à
l’instar de TNS, Research International et Synovate est révolu.
Les agences et instituts locaux assurent un rythme de croissance élevé.
En l’absence de statistiques réelles et actualisées sur
l’ensemble du continent, on estime que le nombre d’instituts
d’études aurait doublé ces cinq dernières années. Le développement
de l’industrie est légitime : le continent devient attractif (peu
d’endettement, ressources humaines de qualité, stabilité, …)
et dispose d’un potentiel de ressources en matières premières
importants (agricoles, minières et énergétiques). Les investisseurs
étrangers convergent vers l’Afrique. Cela nécessite un besoin
croissant d’informations, de données et d’insights sur les
marchés et les consommateurs.
Les premières initiatives d’organisation du marché africain
concernent des partenariats stratégiques entre les acteurs des études à
l’image du leader mondial dans le domaine agricole (Groupe
Kleffmann) et de l’institut Emrhod Consulting qui ont lancé des
solutions agro-business (comme les panels amis® pour agricultural
marketing information system) visant à quantifier les marchés et suivre
les évolutions des cultures en Afrique et au Moyen-Orient.
Mais c’est lors de congrès et évènements internationaux que les
professionnels africains expriment une volonté d’organiser le
marché globalement. L’idée de créer l’Association
Panafricaine des Professionnels des Etudes de marché fut concrétisée en
septembre 2015 lors du Congrès Esomar à Dublin. Nous, professionnels des
études en Afrique, sommes rassemblés et organisés pour promouvoir le
savoir-faire africain. Une deuxième rencontre au Maroc organisée par
l’AMISE et l’ESOMAR a réuni des professionnels de 15 pays
africains pour échanger sur des thématiques variées et décisives pour
notre métier : le recours aux nouveaux outils et la montée du mobile
pour les enquêtes, les stratégies de segmentation des marchés, la
protection des données personnelles, et bien d’autres encore.
L’AMRA (Africain Market Research Association) est née. Les statuts
de l’association sont déposés en Afrique du Sud qui accueillera le
siège. L’AMRA regroupe 5 régions : Maghreb, Afrique du Nord-Est,
Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale et Southern Africa. Les
membres sont les associations nationales de Marketing telles que
l’AMISE au Maroc et le PROMES en Tunisie. Dans les pays où il
n’y a pas d’association, les cabinets d’études peuvent
être membres.
L’ambition de l’AMRA est de fédérer le maximum de
professionnels des études dans toute l’Afrique. Il est nécessaire
de promouvoir les compétences africaines et les connaissances
spécifiques de la réalité et de la culture de chaque pays, à travers un
échange permanent d’informations, d’expertises et de
savoir-faire entre les professionnels. Dans dix ans, l’Afrique
sera un continent totalement différent de celui qu’il est
aujourd’hui. Tout comme l’Europe de l’Est a énormément
changé entre 1989 et 1999, l’Afrique va considérablement évoluer
lors de la prochaine décennie. Tout le monde s’y prépare. Il
suffit de voir, par exemple, comment les médias internationaux se
précipitent sur le continent, on comprendra vite le besoin urgent de
fournir une information à temps réel et d’assurer une couverture
médiatique tous azimut. Il est primordial que les professionnels des
études de marchés et de sondages soient sur le devant de la scène. Nous
serons les mieux placés pour informer, éclairer et inspirer les
opérateurs économiques, tout en veillant au professionnalisme et au
respect des règles déontologiques des professionnels dans leurs rapports
avec tous les acteurs.