Survey-Magazine : Vous avez créé en août 2014 l’institut d’études Odoxa. Il faut être courageux pour se lancer dans ce métier à l’heure actuelle. Qu’est-ce qui vous a motivé pour le faire ?
Gaël Sliman : Odoxa, qui signifie « la voie vers l’opinion » en grec, est un institut d’études que nous avons créé en août dernier, avec Céline Bracq. Notre maxime « Mieux que des chiffres, une réponse » est représentative de nos activités et de notre vocation. A l’heure du Big Data, il est essentiel de prendre de de la hauteur par rapport aux données de proposer des réponses nettes, concrètes et claires à nos clients. Notre ambition est de faire mieux que de collecter des données, d’aller au-delà du chiffre et de réussir à en tirer quelque chose. C’est ce que nous avons voulu faire en créant l’institut Odoxa. Nous proposons une éditorialisation des résultats : avec des mots, des recommandations et une véritable réflexion, nous aidons nos clients à donner du sens aux études que nous réalisons. Cette ambition que nous partageons aujourd’hui est le résultat de notre vécu et notre expérience en instituts d’études. Notre diagnostic est que nos clients sont de plus en plus demandeurs d’analyses opérationnelles et de recommandations plutôt que de chiffres. Le métier des études a changé et notre travail n’est plus seulement de fournir de la data.
Malgré son jeune âge, Odoxa est assez souvent cité par les médias, comment avez-vous fait pour être présents aussi rapidement ?
Céline et moi connaissons bien et depuis longtemps de nombreux médias. D’ailleurs, ceux avec qui je travaillais dans mon ancienne vie professionnelle avaient souvent été « apportés » par Céline, qui était journaliste (elle a dirigé le service éco de I-télé) avant de travailler dans les sondages. Elle est depuis des années chroniqueuses sur I-télé dans l’émission CQFD et je réalise depuis des années un édito politique sur BFM-Business avec Stéphane Soumier. D’ailleurs, entre mon départ en mai de BVA et les débuts d’Odoxa début septembre, j’ai été beaucoup sollicité par les différents médias, non plus en tant que « sondeur » mais en tant qu’expert de l’opinion. Comme nos clients institutionnels, les médias attendent de la relation avec nous davantage une analyse ou un point de vue sur la donnée plutôt que la communication de chiffres. Ce rapport d’Odoxa à ses clients médias est d’ailleurs totalement en ligne avec notre positionnement général à l’égard de nos clients. C’est une particularité que nous pouvons cultiver car nous sommes positionnés sur une niche : nous ne sommes pas en réelle concurrence avec les autres grands Instituts. En effet, 80 % des commanditaires d’études sont des entreprises de la grande consommation qui ne nécessitent pas forcément une éditorialisation de l’analyse. Or nous n’intervenons pas sur ce secteur de la grande consommation et du Marketing produit, mais plutôt sur les problématiques d’études d’opinion, de santé publique, de climat social, d’études corporate / d’image des entreprises. Par ailleurs nos clients dans les organisations sont plus souvent les décideurs que les responsables Marketing ou études. Ils attendent en fait de nous, comme les médias, une relation intuitu-personae et une analyse directement opérationnelle.
Quelle a été la structure de démarrage d’Odoxa ? Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Céline Bracq et moi-même sommes les fondateurs et actionnaires d’Odoxa. La société est actuellement en plein développement et nous serons une demi-douzaine dans l’entreprise d’ici la fin de l’année 2015. Nous sommes donc peu nombreux et ne nourrissons pas d’objectif de développement effréné. Comme nous visons une grande expertise et une grande qualité dans nos prestations, nous n’hésitons pas à nous associer à d’autres et collaborons avec les meilleurs experts sur chaque sujet et dans chaque domaine, pour garantir l’excellence à nos clients, quitte à laisser de côté certaines demandes.
Vous indiquez sur votre site que « La mission d’Odoxa est d’aider les entreprises face au Big Data ». Quels types de prestations proposez-vous dans ce domaine ?
Jusqu’à présent, les instituts d’études avaient un business model construit sur la production de données. Aujourd’hui, à l’heure du big data, nous savons que la production des données n’est plus l’apanage des instituts d’études. Les clients attendent autre chose. Dans ce déluge de données, nous assumons une promesse forte qui est celle de l’éditorialisation de l’analyse des résultats. Par ailleurs, nous assumons également de récupérer et travailler des données que nous n’avons pas obligatoirement produites mais qui peuvent être en libre accès (open data) ou directement confiées par nos clients. D’ici quelques années, on peut penser que les grands acteurs de la data comme LinkedIn, Google ou Facebook se lanceront sur le marché des études pour devenir des collecteurs de données au même titre que les instituts de sondages. Ils possèdent tous les moyens et ont le pouvoir de le faire grâce à l’importance des données utilisateurs qu’ils détiennent. Nous ne les percevons pas comme des rivaux, mais voyons leur arrivée inéluctable comme une formidable opportunité. C’est déjà un secteur sur lequel s’est investi Odoxa en réalisant en janvier pour LinkedIn une « Première mondiale » : la première étude effectuée sur l’emploi à partir de l’analyse des données des membres du réseau social professionnel. C’est un nouveau défi passionnant pour l’avenir dans lequel nous nous lançons avec enthousiasme.