Le boum des réseaux sociaux suscite chez les professionnels du marketing
une curiosité très intéressée. Certains y flairent la solution au
problème grandissant du consommateur insaisissable. On espère pouvoir,
au travers de ces nouveaux espaces, le joindre, le cerner, le séduire ou
le fidéliser plus facilement. Les ouvrages sur le sujet se multiplient
et l’intérêt des marketeurs ne faiblit pas devant tout ce qui,
dans la presse ou les manifestations professionnelles, évoque ce
sujet.
Beaucoup de grandes entreprises B to C sont déjà bien positionnées sur
les réseaux sociaux. D’autres s’y préparent, explorant les
apports et les applications possibles, et soucieuses de ne pas « louper
le coche ».
Et il y a de quoi animer cette ferveur : Facebook par exemple annonce
désormais 1 milliard de comptes ouverts. En France, près de la moitié de
la population fréquenterait ce réseau (environ 25 millions de comptes
ouverts !). D’autres plateformes présentent également des comptes
impressionnants : 190 millions d’utilisateurs pour LinkedIn, 200
millions pour Twitter et 300 millions d’utilisateurs actifs pour
Google Plus !
Les attraits pour les études
L’univers des réseaux sociaux concentre une quantité impressionnante d’avantages pour la recherche marketing :
- Des coûts très réduits, voire inexistants pour être présent sur le
support (via une simple création de profil),
- La possibilité de
cibler et sélectionner très facilement des échantillons qualifiés et de
grande taille,
- La facilité pour contacter et solliciter les
répondants sans avoir à rechercher des emails, des adresses postales ou
des numéros de téléphone,
- La liberté d’expression des sondés
qui n’interagissent plus avec un enquêteur,
- La rapidité pour
obtenir les réponses et les feedbacks,
- La disponibilité permanente
des sondés dans le temps et dans l’espace (joignables
n’importe quand, n’importe où, grâce aux appareils mobiles
notamment),
- La facilité pour suivre les retours (en temps réel avec
mise en évidence immédiate des évolutions qui permettent d’ajuster
sa démarche),
- La suppression du biais lié aux enquêteurs ou à la
ressaisie des informations collectées,
- L’amélioration du lien
entre la marque et le consommateur et l’établissement de relations
privilégiées,
- La possibilité d’échanger avec des
professionnels sur les réseaux B to B…
- Les réseaux sociaux
peuvent permettre d’identifier et d’entrer en contact
facilement avec les populations à interroger.
Les applications possibles
Voici les principaux domaines d’applications actuels :
- Echantillonnage : L’identification des utilisateurs des réseaux
sociaux et l’accès à leurs informations personnelles (âge, sexe,
formation, région, centres d’intérêt…) permet un ciblage
exceptionnel. Des instituts commencent à développer des services de
panels consommateurs sur Facebook.
- Diffusion d’enquêtes :
Facebook est le 2ème site le plus visité au monde derrière Google, il
comptabilise 800 millions d’utilisateurs à travers le monde et
plus de 23 millions de comptes en France sachant qu’un utilisateur
sur deux se logue quotidiennement. LinkedIn, c’est plus de 100
millions de comptes et une fréquentation ahurissante (65 millions de
visiteurs uniques en décembre 2010). Le partage d’informations
étant le but premier des réseaux sociaux, la diffusion d’enquête
sur ces médias coule de source.
- Plates-formes consommateurs : Créer
un groupe sur un site communautaire est chose aisée. Adopter leur
fonctionnement pour créer son propre site aussi. C’est ce que font
quelques grandes marques par exemple pour récolter les avis de leurs
panels de consommateurs sur des produits tests ou des habitudes de
consommation.
- Communication B to C mais également B to B : Le
social media fait partie intégrante de l’Inbound marketing. Diffuser l’information
sur les réseaux sociaux permet d’attirer des personnes qui
viendront spontanément.
Les groupes permettent également de renforcer les relations entre
collaborateurs et d’optimiser le flux d’informations et
d’idées au sein d’une entreprise et de son environnement
(clients, fournisseurs).
Les 3 étapes pour mener une enquête en utilisant les réseaux sociaux
La réalisation d’une enquête via les réseaux sociaux s’apparente globalement à ce que l’on fait habituellement pour n’importe quelle enquête en ligne. Les 3 phases consistent donc :
- tout d’abord à concevoir, mettre en page et déployer le
questionnaire,
- ensuite à solliciter les répondants et à gérer le
terrain d’enquêtes,
- enfin, à traiter les données collectées
pour les analyser et présenter les résultats.
Voyons maintenant les modalités concrètes de réalisation de chacune de ces 3 étapes.
Etape 1 : Conception du questionnaire
Il existe deux façons de procéder pour créer un questionnaire et utiliser les réseaux sociaux par la suite :
- la première consiste à faire exactement comme pour n’importe quel
autre questionnaire web, à savoir, utiliser votre logiciel habituel de
création d’enquêtes en ligne (Net-Survey
par exemple) pour concevoir le questionnaire et le déployer sur un site
web. Les personnes sollicitées via le réseau social se verront donc
proposer, dans leur message de sollicitation, un lien URL qui les
redirigera vers le site de l’enquête.
- a deuxième méthode
consiste à utiliser les fonctionnalités du réseau social utilisé
(s’il y en a) ou des applications d’enquêtes conçues dans et
pour le site communautaire, afin de définir les questions à poser.
Généralement, les possibilités dans ce domaine sont très réduites par
rapport à l’utilisation d’outils spécialisés, ce qui réserve
cette méthode à des cas très simples ou à des utilisations ponctuelles.
Chacune des deux possibilités comporte des avantages et des inconvénients
:
La première solution est plus professionnelle mais plus coûteuse. Elle
offre la possibilité de gérer des questionnaires longs et/ou complexes,
avec des fonctionnalités avancées (masquages conditionnels, rotation de
modalités ou de questions…). Ces questionnaires peuvent adopter la
charte graphique de l’entreprise. Les données recueillies peuvent
être analysées de manière approfondie et donner lieu à des
représentations graphiques avancées. Pour en savoir plus sur la
conception d’enquêtes web professionnelles, consultez
la présentation du logiciel Net-Survey de Soft Concept.
La solution intégrée au réseau social offre l’avantage d’une plus grande simplicité et rapidité. Le concepteur n’a pas à gérer le déploiement de son questionnaire sur un site puisque ses questions sont prises en charge directement dans le réseau social et le sondé reste sur le site pour répondre. En revanche, le questionnaire est lié au site communautaire utilisé et doit être, en cas d’opérations sur plusieurs réseaux sociaux, reconstruit à chaque fois. Par ailleurs, l’exploitation des résultats est limitée aux restitutions généralement simplifiées prévues par chaque application interne au réseau social utilisé. Pour en savoir plus et avoir un exemple détaillé, consultez notre article sur : L’utilisation de Facebook pour vos enquêtes.
Dans tous les cas et quelle que soit la méthode utilisée, il convient de veiller à proposer des questionnaires optimisés à la fois en termes de présentation, de clarté, de concision et de contenu, afin de s’assurer un maximum de remontées. Vous pouvez trouver des conseils utiles en la matière en consultant notre article intitulé Enquêtes en ligne : comment optimiser vos taux de réponses.
Etape 2 : Gestion du terrain d’enquêtes
Pour administrer un questionnaire sur les réseaux sociaux, le principe
est généralement de diffuser la sollicitation concernant ce
questionnaire aux profils de répondants souhaités et/ou de placer la
sollicitation sur son propre espace.
Les réseaux sociaux offrent un potentiel de ciblage extraordinaire. En
effet, la connaissance des profils détaillés des membres permet de
proposer des critères de sélection extrêmement fins : âge, métier,
loisirs, centres d’intérêts, zone géographique… Le
concepteur de l’étude peut donc définir ses critères afin que son
message avec le lien correspondant (vers une enquête dans le réseau
social ou sur un site externe) s’affiche dans l’espace de
tous les membres correspondants à ces critères. Le réseau social indique
en direct le nombre de membres concernés en fonction des critères
choisis, afin de faciliter le ciblage.
Généralement, ces fonctions sont payantes et s’apparentent à la
diffusion de publicités. Le paiement est calculé pour un nombre
d’affichages défini à l’avance. Pour en savoir plus et avoir
un exemple détaillé de la manière de solliciter les répondants sur
Facebook, consultez notre article sur : L’utilisation
de Facebook pour vos enquêtes.
Pour se focaliser sur des échantillons spécifiques, les sites qui
développent des groupes d’utilisateurs offrent les possibilités
les plus intéressantes et sont à sélectionner selon l’objectif de
l’étude : Ainsi, Facebook par exemple permet de cibler des
personnes ayant un centre d’intérêt commun. Des sites
professionnels comme Viadeo ou LinkedIn donnent la possibilité
d’approcher des personnes ayant la même profession ou la même
formation.
Pour créer le buzz, l’outil parfait s’appelle Twitter. Ce
réseau permet de diffuser un message informant de l’enquête (avec
le lien vers le site où elle est accessible). Les personnes intéressées
peuvent « re-tweeter » l’information et la relayer ainsi à
d’autres répondants potentiels. Cette diffusion « virale »
s’apparente au bouche-à-oreille.
Pour les enquêtes auprès des consommateurs, il est préférable d’
éviter les sites professionnels genre LinkedIn ou Viadéo car le taux de
réponses serait presque nul. Par contre pour les enquêtes visant les
professionnels, il ne faut pas hésiter à utiliser Facebook et surtout
Twitter.
Voici quelques conseils pratiques pour mettre en évidence votre enquête
sur les réseaux sociaux les plus utilisés :
- Sur Facebook, partagez votre enquête via la boîte de partage sur votre
mur. Ciblez vos répondants grâce aux différents groupes facilement
identifiables. Vous pouvez aussi créer une publicité ciblée qui
diffusera votre questionnaire. Pour en savoir plus et accéder à notre
article sur l’utilisation de Facebook pour vos enquêtes marketing,
cliquez ici.
-
Sur LinkedIn, vous pouvez poster votre enquête à deux endroits
différents en plus de l’envoi d’une publicité : Via la boîte
de partage sur la page d’accueil ou dans la rubrique « Réponse »
avec l’option « poser une question ».
- Twitter est un media
incroyable pour créer le buzz. Même si la mention « retweet » (poster à
nouveaux) est automatiquement disponible en dessous de chaque post,
n’hésitez pas à le redemander dans votre message. Testez
différents messages dans votre tweet jusqu’à ce que vous trouviez
celui qui attire le plus d’activité.
- Diffusez, sur Youtube,
une vidéo qui explique pourquoi vous faites cette étude et affichez
l’Url de votre enquête à la fin. Enfin, affichez le lien de votre
enquête en dessous de la vidéo.
- Sur votre site web ou blog, vous
pouvez créer un pop-up (attention toutefois à ne pas incommoder les
visiteurs en le faisant apparaître trop fréquemment). Le mieux est de
bien attirer l’attention sur une partie de votre site. Permettez à
vos visiteurs de s’inscrire sur votre site pour recevoir une
newsletter ou des avantages quelconques. Il convient, bien sûr, de ne
pas oublier de placer sur le site les boutons des réseaux sociaux
auxquels vous êtes inscrit.
- E-mail : Classez votre base de
correspondants pour pouvoir envoyer votre enquête à des groupes
spécifiques en un clic. Dans votre mail, pensez à insérer vos profils
sur les réseaux sociaux.
- Bien sûr, si vous appartenez à des groupes
(forums…) postez votre enquête. Recherchez (parmi vos contacts ou autre)
des « key influencers » qui donneront du poids à l’intérêt de
votre enquête.
Etape 3 : Exploitation des résultats
Comme pour toute enquête, il convient de bien avoir à l’esprit que
l’objectif principal du recueil de données sur les réseaux sociaux
réside dans l’analyse des résultats. Le questionnaire doit avoir
été conçu dans ce but, et comporter les questions et variables
permettant d’obtenir les analyses souhaitées. De même,
l’échantillon interrogé doit permettre par ses caractéristiques de
tirer des enseignements statistiquement valables de
l’enquête.
Les possibilités de traitement dépendent de la méthode utilisée pour
concevoir le questionnaire :
- Les questionnaires conçus avec les fonctions ou des applications
internes aux réseaux sociaux peuvent être analysés avec les
fonctionnalités prévues à cet effet dans chaque réseau social utilisé.
Ainsi, sur Facebook par exemple, les fonctions de base permettent
d’indiquer pour chaque question, le nombre de répondants ayant
choisi chacune des réponses. Certaines applications internes de Facebook
permettent de produire des histogrammes ou des barres de répartition,
guère plus. Certaines d’entre elles proposent toutefois
d’exporter les enregistrements des réponses au format Excel ou
CSV, pour un retraitement externe.
- Les questionnaires conçus avec
les logiciels d’enquêtes web habituel (ex : Net-Survey) peuvent
être traités avec l’outil prévu à cet effet (pour Net-Survey, il
s’agit du logiciel de traitement d’enquêtes et de reporting
Ethnos). Ces outils offrent généralement des possibilités très étendues
de croisement des données et de production de tableaux et graphiques
d’analyse statistique avancée. Ainsi, le module Stat’Mania
d’Ethnos peut produire à partir des seules questions portant sur
la satisfaction une matrice importance/satisfaction qui calcule
automatiquement l’importance de chaque critère dans la
satisfaction globale.
Certains de ces logiciels disposent de fonction de production de
rapports automatiques recalculés et générés pour chaque niveau souhaité
(par population, région, secteur, type de produit…).
Certains outils disposent également de modules de diffusions
d’application dynamiques d’accès aux résultats sur le web
(ex : Web-Reports).
Perspectives d’avenir
C’est désormais un fait acquis : les médias sociaux représentent la
nouvelle frontière pour les marketeurs de tout poil. Pour paraphraser
Kennedy, on peut dire qu’au-delà, s’étendent des domaines
inexplorés, des problèmes non résolus, des poches d’ignorance et
de préjugés non encore réduites et des questions laissées sans réponse,
du moins pour l’instant.
Si les principales marques grand public internationales ont perçu le
potentiel et s’affichent désormais avec force sur les Facebook et
ailleurs, beaucoup d’entreprises ne savent pas encore comment se
positionner et utiliser les nouvelles possibilités qui s’ouvrent à
elles. Les études de marché et la connaissance des clients font partie
de ces possibilités et vont immanquablement se développer à grande
vitesse, étant donnés les multiples avantages qu’offrent les
réseaux sociaux.
L’arrivée en force de Google avec Google+ et la montée en
puissance très impressionnante de Facebook et de Twitter notamment ne
feront que renforcer ce mouvement inéluctable.
Voici quelques adresses où vous trouverez des renseignements complémentaires sur les médias sociaux et leur évolution dans les prochaines années (ou devrions dire… jours ?).
- http://www.socialmediaexaminer.com/SocialMediaMarketingReport2011.pdf :
Le rapport « 2011 social media marketing industry report » (fichier
pdf de 41 pages et 10,3 Mo).
- http://www.scottmonty.com : Le blog du
responsable des médias sociaux de Ford, Scott Monty (où vous
trouverez notamment un Twitter Business Guide, qui explique comment
démarrer sur Twitter et comment s’en servir en tant qu’outil
de communication et de marketing).
- http://www.mediassociaux.fr : Le
site d’actualité des plateformes sociales qui part du principe que
« nous quittons l’ère du marketing des produits (vendus de force à
coup de pubs TV) pour rentrer dans l’ère du marketing de
l’influence » et que « la notion même de marketing de masse
devient complètement caduque ». C’est dans ce cadre que ce site se
fixe pour objectif de « décrypter le phénomène des médias sociaux ».